mercredi 7 décembre 2011

Qu'est-ce que l'hypnose ?

L'hypnose, de quoi s’agit-il ?

Sylvie Tenenbaum écrit dans son livre « L’hypnose éricksonienne : un sommeil qui éveille » :
Il existe aujourd’hui une définition acceptée par l’ensemble des hypnothérapeutes professionnels occidentaux selon laquelle l’hypnose est un état modifié de conscience fondé sur le principe de la dissociation. L’état d’hypnose est donc un état dissocié : dissociation entre la partie consciente et la partie inconsciente, ces deux instances travaillant parallèlement, mais sur des thèmes et avec des processus différents. Cet état présente des caractéristiques neurologiques et physiologiques bien particulières que nous verrons plus loin lorsque nous étudierons l’état de transe. Certains utilisent parfois le terme « altéré » au lieu de « modifié » : nous préférons la seconde dénomination car la première, traduction littérale de l’anglais rencontrée dans de nombreux ouvrages, a une connotation péjorative puisque l’altération peut aussi bien évoquer l’idée de dégradation.
Cet état modifié de conscience qualifie certains types d’expériences au cours desquelles nous pouvons avoir l’impression que notre conscience ne fonctionne pas comme à l’accoutumée, que nos perceptions de l’environnement et de nous-même sont différentes.
François Roustang le qualifie de « veille paradoxale », expliquant cette appellation par le fait que cet état associe à la fois les traits caractéristiques de l’état de veille – la vigilance du sujet s’en trouve alors accrue – et ceux du sommeil paradoxal, au cours duquel notre imaginaire est totalement libéré. Selon lui, l’hypnose serait dons le symétrique à l’état de veille, du sommeil paradoxal.
Milton Erickson avait commencé une recherche particulière avec Aldous Huxley sur la nature et les caractéristiques des divers états de conscience Ce travail a malheureusement été interrompu par la mort de l’écrivain, mais certains textes ont été conservés. L’auteur, à qui Milton Erickson demandait de décrire ce qu’il vivait en transe hypnotique – ou d’état modifié de conscience, a énuméré les éléments suivants :
  • Ses perceptions conscientes de l’environnement extérieur n’avaient, à ce moment-là, plus d’importance.
  • Il avait l’impression de se trouver dans un état qu’il avait déjà éprouvé, qui lui était connu.
  • Il avait une claire conscience de sa subjectivité
  • Il ressentait avec acuité l’existence en lui d’immenses possibilités et la présence d’un grand désir de maîtrise et d’utilisation de celles-ci
  • Il revoyait avec précision des souvenirs dans lesquels il prenait conscience des multiples expériences et apprentissages accumulés au cours de sa vie.
  • Il sentait que ses facultés intellectuelles étaient affinées
  • Il ressentait un grand confort d’être dans cet état
Bien sûr, ces éléments n’appartiennent qu’à leur auteur – même s’ils sont fréquemment rencontrés par les personnes expérimentant l’hypnose -, et chacun de nous vit à sa propre façon, personnelle et unique, cet état modifié de conscience. De ce fait, il est très difficile de donner une définition à la fois universelle, détaillée et précise de l’hypnose. Toute tentative se termine en querelles d’écoles à ce sujet car il s’agit d’un phénomène extrêmement subjectif et par là idiosyncratique (Note du F∴ Conf∴: spécifique à chaque individu). Enfin, tout comme pour les rêves, il est impossible d’en donner un contenu intégral.
L’idée que les médias transmettent souvent de l’hypnose entretient les craintes qu’elle génère chez certains. Qu’il s’agisse du « gourou » autoritaire et terrifiant frappant de stupeur des êtres « fragiles » ou des amuseurs publics qui, pour gagner leur vie, obligent à faire n’importe quoi des spectateurs consentant, l’image de l’hypnose reste encore entachée d’une réputation soit de prise abusive de pouvoir soit de charlatanisme entraînant les gens à se ridiculiser sur scène. Des connotations sexuelles sont parfois liées à cette pratique : une jeune femme m’a abasourdie le jour où j’ai commencé à lui parler d’hypnose. Elle s’est récriée : Ah, non, pas d’hypnose, j’ai peur que vous n’abusiez de moi ! Je connais une femme qui a eu des problèmes avec un homme qui voulait l’hypnotiser.
(…)
Cet état, Carol Erickson le décrivit ainsi lors d’un séminaire : une focalisation d’attention très intérieure de façon à lâcher l’extérieur. Milon Erickson fut le premier à affirmer que, sans le savoir, nous connaissions tous l’état hypnotique pour la bonne et simple raison qu’il fait partie de notre vie de tous les jours, et que, toujours sans le savoir, nous l’expérimentons très souvent au cours d’une journée.
Ce constat fait tomber d’un seul coup la magie qui auréole l’hypnose ; il bouscule aussi les conceptions qui la transforment en instrument de pouvoir. En effet, nous vivons cet état avec des variations toutes personnelles d’intensité, environ toutes les quatre-vingt-dix minutes en raison de nos rythmes biologiques, comme nous le verrons plus loin. L’hypnose, disait Milton Erickson, ne survient pas grâce à une méthode traditionnelle et rituelle. Quelqu’un peut spontanément développer un état d’hypnose. Il s’agit donc bien d’un état naturel : la transe, même légère, nous est extrêmement familière et nous vivons quotidiennement un grand nombre de phénomènes hypnotique. Combien d’amnésies passagères nous gênent-elles au cours d’une journée ? Qui ne s’est jamais attardé dans une douce rêverie au lieu de démarrer quand le feu passait au vert ? Qui n’a jamais cherché ses lunettes alors qu’elles étaient sur son nez (cela s’appelle une hallucination négative) ? Les exemples sont pléthore. Leur énumération serait fastidieuse, mais pour bien mettre en valeur la nature relativement anodine de l’état hypnotique, nous énumérerons encore quelques situations aussi banales et fréquentes que partagées par tous dans lesquelles nous sommes dans un état modifié de conscience, c’est-à-dire dans un état de transe hypnotique : quand nous nous ennuyons ou quand nous sommes passionnés par un sujet ou un orateur, avant de nous endormir, quand nous ne pouvons plus lutter contre le sommeil, quand nous sommes très concentrés sur une tâche. Par exemple, en écrivant ces lignes, je ne vois pas le temps passer et je suis toujours étonnée, en regardant ma montre, que tant d’heures se soient écoulées sans que je m’en rende compte : il s’agit d’une perception distordue du temps. Etc.
Grâce à cette prise de conscience, les ressorts de l’hypnothérapie ont été considérablement modifiés.

(Fin de citation)

L'hypnose, comment ça se passe ?

Dans une séance d’hypnose standard, le thérapeute va plonger le patient dans un état d’hypnose en parlant de manière particulière. Une fois que le client est en état d’hypnose, le thérapeute peut installer un mécanisme dit de signaling, c’est-à-dire qu’il va demander à l’inconscient de faire bouger un doigt pour dire « oui », un doigt pour dire « non », éventuellement un doigt pour dire « je ne sais pas ». Le thérapeute peut alors « discuter » avec l’inconscient, raconter des métaphores, des analogies visant à résoudre le problème de la personne. A la fin de la séance, le thérapeute sort le client de son état d’hypnose, de nouveau en parlant d’une manière particulière.
Il est à noter que beaucoup de modèles d’intervention PNL sont issus de l’hypnose, et donc auront la même structure. Ceci pour dire que le plus important, ou le plus difficile, n’est pas de mettre la personne en état d’hypnose, mais de savoir quoi faire, dire, ou poser comme question quand la personne est en état d’hypnose.

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